(rires), ah qui suis-je ? C'est la question existentielle, qui suis-je ? Je suis un artiste. Un artiste marseillais, un des pionniers du rap marseillais, avec maintenant une trentaine d'années d'activité. Artiste, beatmaker, producteur. J'écris, j'organise des soirées. Je fais plein de choses dans ce domaine qui est la musique et plus précisément le hip hop.
Je suis un homme comme les autres, d'une cinquantaine d'années, qui a son parcours dans la vie, avec ses hauts et ses bas, quelqu'un qui essaie d'être lui-même, qui s'apprécie et qui s'aime. Qui essaie d'aimer la vie et de la traverser avec humilité. J'ai mes préceptes et mon protocole de vie, j'essaie de vivre au maximum le moment présent et j'essaie de ne pas me laisser bouffer par les problématiques de la vie, par les émotions. J'essaie d'être vrai le plus possible. Voilà vers quoi je tends.
Déjà c'est le lieu de ma naissance, j'y suis né. J'y suis, j'y vis. Je vis ma musique depuis Marseille, c'est mon berceau. Mon berceau familial, professionnel. Parfois j'en ai marre. C'est comme nos proches, tu connais tous les revers de médaille, tous les aspects de la ville. C'est évidemment une ville que j'aime mais il y a aussi tellement de choses à améliorer, parfois c'est désespérant. Voir ce que cette ville aurait pu devenir et que ça n'avance pas plus que çà, mais on s'y fait. C'est quand même une ville qui nous a permis d'être qui on est dans la musique, elle m'a permis de faire de magnifiques rencontres. Mon entourage est essentiellement marseillais. Je ne changerais çà pour rien au monde, sans compter que ma famille est ici aussi.
Je vais parler en termes de musique, de hip hop, ce n'est pas la ville elle-même. On a démarré le rap dans les années 1980, on aurait pu bénéficier de beaucoup d'appuis de la ville, de ses structures et infrastructures, de son système politique dans sa dimension large. Nous, artistes de rap avons beaucoup donné pour la ville et on en a fait beaucoup parlé, et tout ça ne nous a pas vraiment été rendu. On a l'impression qu'on a beaucoup plus donné que pris. On a brandi l'étendard partout dans le monde, là où on allait et pour autant, on ne nous l'a jamais vraiment rendu. Aujourd'hui les personnes qui travaillent dans les institutions culturelles sont les générations qui ont grandi avec le rap donc elles le reconnaissent en tant que tel. Ce n'était pas le cas à notre époque. Marseille aurait pu être un épicentre du hip hop incroyable avec un rayonnement international. Malheureusement ça n'a pas suivi, par exemple quand Marseille était Capitale européenne de la culture en 2013, il n'y a rien eu pour le hip hop, c'est juste incroyable. Après, même si Marseille est une grande ville, il y a un côté village. Il y a un côté business développé mais pas tout à fait, il peut manquer de structures. Être confronté à ça engendre de la créativité car il y a de la débrouille. Il y a beaucoup de talents et de créativité et je trouve dommage que tout ça n'est pas été exploité à sa juste valeur pour élever Marseille à autre niveau.
On a appris à faire sans, on porte Marseille en nous et nous avons l'impression que les institutions de la ville ne nous l'on pas vraiment rendu. Attention, il y a quand même des choses qui se font. Et il y a des gens au sein du dispositif politique qui font des choses mais c'est difficile pour eux aussi, Ils sont parfois confrontés à des murs, tout simplement. A un moment donné, il y a un plafond de verre, c'est dommage. On retrouve ça partout en France mais peut-être moins à Paris. Au niveau de la musique, Marseille aurait pu rayonner plus et être une vraie capitale au même titre que Paris.
Oui, bien sûr. Tu as dit le mot, c'est un pôle, à un moment donné il y a des artistes qui font rayonner la ville. Tu sais, Djel a dû t'en parler, quand il est allé à Atlanta, il s'est rendu compte de la relation de la ville et le hip hop, qui est juste incroyable. Marseille aurait dû avoir ça, Marseille aurait dû être une capitale européenne du hip hop avec des évènements, des structures, plein de choses. Les artistes font que la ville rayonne par rapport à eux-mêmes, mais les gens depuis l'extérieur en ont un regard différent. Tu le sais, tu es venu à Marseille, tu as pu voir que c'est un village, tu vois ce que je veux dire. Quand on la connaît c'est une belle ville, il y a des tas de choses positives malgré tout et un cadre de vie qui est génial, mais bon voilà, c'est chez moi. Je m'y sens bien au niveau du cadre mais si tu ne vas pas à des endroits précis, si tu ne connais personne qui va t'emmener dans certains cercles, tu ne ressens pas le hip hop dans la ville elle-même. C'est dommage.
Il y a eu des petits frémissements, parfois il y avait des lieux de rendez-vous où il pouvait se passer quelque chose, mais en vérité je ne pense pas que ça n’a jamais été le cas car c'est nous qui avons créé ce Marseille-là. Quand on décidait d'investir un lieu alors ce lieu rayonnait. Mais quand des gens voulaient créer des structures, des labels etc, c'était très compliqué. C'est aussi la faute des Marseillais et je m'inclus dedans, les mentalités qui font que c'est compliqué de créer quelque chose à Marseille et de durer. Il y a eu beaucoup d'essais mais c'est compliqué sur le long terme. Les jeunes ne produisent pas, ne créent pas de structures ou ne font pas de choses pour la ville car lorsqu’ils ont pris des initiatives, ils sont confrontés, soit à des mentalités spéciales que je ne saurais même pas te décrire, ou soit confrontés à une solitude. Ils sont confrontés à des mentalités individualistes quand ils veulent développer quelque chose, personne ne les aide. Ce n'est pas une grande famille. Il y a des clans, parfois des clans de générations mais nous ne sommes pas dans un système où on est tous ensemble, toutes générations confondues. C'est partout pareil, mais il aurait dû y avoir à Marseille plusieurs lieux mythiques de hip hop où n'importe quel étranger peut venir et y rencontrer les gens de cette culture. Si tu viens en ne connaissant personne, c'est difficile de trouver des lieux comme ça.
J'en écoute un peu car il y en a certains avec qui je travaille. Je suis notamment parrain du dispositif La Frappe du festival Mars Attack qui est un truc super à Marseille. C'est un festival qui est né il y a 25 ans grâce au rap, c'est nous qui l'avions inauguré gratuitement à l'époque. Il y avait eu 2 jours de concerts de rap avec toute l'équipe des rappeurs marseillais de la fin des années 1990. Ce festival a existé grâce à ceux qui l'ont créé évidemment mais aussi grâce à nous. Aujourd'hui il est toujours là et il brasse des milliers de personnes. Comme quoi il y a aussi des belles choses. Le dispositif La Frappe existe depuis 5 ans et réunit sous forme de castings via différentes petites structures, pour créer un collectif de 5 artistes. Je suis parrain de ça. Ils se produisent ensuite sur scène durant 3 jours en mode collectif. Grâce à ça j'ai côtoyé entre 25 et 30 artistes des nouvelles générations depuis ces 5 dernières années. Je connais moins les têtes d'affiche bien que je les ai croisées mais je ne les fréquente pas. Il y a plusieurs styles, il y a du très bon et du bon moins bon, c'est simplement à l'image du rap. Certains vont avoir une démarche purement lucrative et d'autres beaucoup plus dans l'artistique et qui vont vers quelque chose de différent mais avec les codes d'aujourd'hui. A titre personnel, la musique actuelle me touche moins car je n'ai pas grandi avec çà et ça me touche moins mais en creusant je trouve de bons trucs, il y a par exemple des artistes de 20 ans qui font du boom bap, il y en a d'autres qui sont très attachés aux textes, j'en ai côtoyé, certains ont vraiment des plumes et sont capables de faire des couplets de 32 mesures, sont capables de rapper non-stop pendant 2 minutes sans autotune sans rien. J'en connais. Aujourd'hui il y a de tout. Sans creuser on n'entend qu’une catégorie d'artiste. Il y en certains qui ne font que du son pour les soirées, ce n'est presque plus du rap ou du hip hop. Ce sont des sons afro ou latino. Mais parfois ceux qui font ce style-là font à côté des morceaux où ça rappe sérieusement en disant des choses. L'aspect économique est hyper important et ils ne le perdent pas de vue, les jeunes sont peut-être plus attachés à çà que nous à leur âge. Aujourd'hui il y a beaucoup de nouveaux éléments tels les réseaux sociaux etc mais l'aspect artistique reste quand mème majeur pour beaucoup. Au-delà de ce qu'on aime ou pas, la technologie et le business d'aujourd'hui font qu'un artiste est très vite confronté à l'aspect économique, médiatique et à la communication. A l'époque, tout ça arrivait beaucoup plus tard. Ils ont donc une vision de la musique qui est différente. J'ai côtoyé de jeunes artistes qui sont vraiment excellents, je ne veux pas enfermer qui que ce soit dans des cases.
Je dirais mon premier album « c’est ma cause » en 1999 car c’est mon premier. C’est l’album qui arrive après 10 ans de musique et de hip-hop non-stop, donc je mets tout ce que je peux dedans. Même si j’aurais pu faire plein d’autres choses, avec du recul je me dis que j’ai raté ci ou çà. Mais celui-là était le premier bébé, le plus important. J’ai fait peu de projets solos, mais souvent en duo ou trio, chaque projet a été très marquant pour moi. Ce sont des pages de mon histoire, souvent ces projets ont été faits sur un an, deux ou trois ans et ont été des pages et moments forts de ma carrière et de ma vie, notamment par rapport aux gens avec qui je les ai faits. Par exemple le projet La Garde avec mon frère (Shurik’N), c’est un projet familial donc évidemment ça me tient à cœur. Le projet avec Akhenaton « we luv NY » avec tout ce que ça représente et la tournée qui a suivi, c’était un vrai kif, on était sur notre petit nuage. Ça respirait le hip-hop et on l’a fait dans cette optique-là, en indépendance totale. On l’a vécu comme on voulait le vivre, la musique et l’esprit hip-hop au centre. Pour Gomez & Dubois j’ai rigolé pendant 2 ans, avec des potes on s’est dit qu’on allait s’éclater et faire de la bonne musique, c’était ça le but. Bien sûr Prison Break est très marquant car c’est le projet qui m’a permis de faire la transition avec les années 2000. C’est le projet qui m’a permis de durer dans le temps avec les jeunes générations. Aujourd’hui il y a des jeunes de 18 ans qui viennent me voir et qui me disent avoir adoré la musique de Prison Break et qui sont allés écouter d’autres choses que j’avais faites. Il est donc très important même si quand il est sorti à l’époque avec le succès qu’il a eu, je n’en ai pas vraiment mesuré l’ampleur. J’aurais pu l’exploiter beaucoup plus si j’avais été dans une gamberge comme les jeunes générations le sont aujourd’hui. J’aurais pu pousser plus notamment dans la série mais je joue encore aujourd’hui ce titre sur scène et tout le monde chante le refrain, ça me permets encore de faire de grandes scènes de 10 000 personnes etc car il résonne encore dans les tètes et les gens l’écoutent encore.
J’ai aussi 10 ans de collaboration avec mon frérot Sébastien Damiani où on se lâche dans un autre domaine qui est la musique symphonique, lyrique mélangée au hip-hop, on arrête de sampler, on compose tout. Ça m’a fait grandir, c’est une aventure humaine. Tous ces gens avec qui je travaille sont aussi mes amis. Tu me parlais du côté humain et c’est ça qui est top. Ces gens avec qui j’ai travaillé sont restés dans ma vie, de IAM jusqu’à Sebastien et on travaille tous toujours ensemble. On était au Vélodrome il n’y a pas longtemps avec IAM, c’était magique de tous se retrouver là.
On était tous émus. Comme dit Jo (Shurik’N) dans un morceau « tu te rends compte, on l’a fait ». « Les miens », ce morceau résonne encore, quand on se dit putain tu te rappelles quand on était au Vieux Port à trainer, et aujourd’hui on se retrouve au Vélodrome. C’est juste incroyable, pour moi la boucle était bouclée tu vois. Il y a quand même d’autres aventures qui nous attendent mais c’était hyper important que l’on vive ça et au-delà du prestige que de faire le Vélodrome, il y avait un côté émotionnel hyper important qu’on gardera tous dans nos cœurs à vie.
Il y avait Biz Markie aussi, j’ai mes mentors aux Etats-Unis, je n’ai pas sorti ça par hasard, j’avais écouté ces gars qui faisaient ça et ça me plaisait.
Quand je fais « le fainéant » il y a une prise de risque mais je ne le prends pas comme ça. Je me dis juste que je fais un truc un peu différent, ça se fait dans l’album « Sad Hill ». Je sais qu’il y aura tout le monde dedans, on va faire du super taf, c’est indéniable. Quand j’ai cette instru de Kheops, je ne sais pas quoi faire dessus, l’instru est lente et je me dis que ce personnage irait bien avec cette instru, ça collait. C’était une démarche purement artistique. Après je me suis dit que j’étais peut-être allé un peu trop loin dans le délire quand je livre le morceau mais Kheops m’a appelé pour me dire que c’était une tuerie donc je me suis senti rassuré par mes pairs. Tu sais avant ça dans IAM il y a toujours eu des parodies, des interstices drôles, et comme j’étais avec eux je le faisais aussi. J’en ai plein qui ne sont jamais sortis, on faisait des parodies de nos propres morceaux. Quand arrive ensuite le projet Gomez & Dubois je travaille avec des gens qui sont dans mon état d’esprit. Le hip-hop c’est la vie et dans la vie on rigole aussi, on n’est pas tout le temps véners, revendicateurs. On est vraiment partis dans l’optique de se marrer. Si on n’avait pas ri on ne serait pas allés plus loin mais on n’a fait que ça, se marrer. On était grimés et on a incarné nos personnages sur scène, dans les interviews, à la télé, les gens hallucinaient. Ça fait partie de notre culture et de la vie. Le truc c’était de bien le faire, d’être dans la performance, dans la subtilité et qu’artistiquement tu puisses écouter un morceau de rap. C’est ce qui a fait, je pense, l’unanimité dans le milieu.
Cet été j’étais au festival Mars Attack avec les talents nouvelles générations qui y participaient. J’ai aussi fait des scènes et d’autres festivals. Des grosses scènes mais aussi du clubbing. J’organise aussi les soirées Old Skool Party à la Place des Canailles à Marseille avec Djel, Dj Daz et K-Méléon. On y est 2 fois par mois. Ce sont de belles soirées, on fête les 4 ans de cette soirée ce mois de septembre. On fait aussi le Delta Festival qui est un gros festival en bord de mer à Marseille. Il y a aussi eu du studio avec Sébastien Damiani. Je fais plusieurs choses, dans les soirées, le studio ou la scène et j’aime ça. Je fais aussi du coaching, des conférences. J’ai aussi des projets personnels que j’essaie de développer mais qui sont de l’ordre humain, référence à la première question que tu m’as posée, le fameux « qui suis-je ? », ce sont des projets liés à la psychologie, au développement personnel. C’est un aspect de la vie qui m’intéresse beaucoup, ça peut voir le jour sous forme de podcasts, je suis en train de travailler dessus actuellement avec une psychologue. Je me laisse bercer par le flux, le mouvement de la vie. Je mets des choses en route et j’essaie de faire confiance en la vie. Peut-être que je ferai des rencontres qui m’emmèneront ailleurs, je laisse la porte ouverte à la surprise. J’ai mené toute ma carrière comme ça. L’ambition et moi c’est particulier. J’ai des ambitions et des envies mais j’ai du mal à planifier et à me structurer. J’ai une réflexion en arborescence, mon cerveau ne part pas en ligne droite avec petit 1, petit 2, petit 3. Je ne sais pas dans quel ordre aller etc. C’est très difficile pour moi de me structurer. J’ai compris qu’il fallait que je laisse une part d’improvisation dans tout ça car c’est ma façon d’être et j’essaie de me laisser guider par mes inspirations et voir ce qui se propose au moment où ça arrive. Je n’ai pas eu de plan de carrière avec une liste d’albums à réaliser. C’est typique de qui je suis et aujourd’hui je continue de faire comme ça et je m’y adapte, je ne peux pas te dire ce qu’il se passera dans 6 mois.
1720 ? oh putain !
La peste, ah non j’y étais pas du tout.
(rires) je n’étais pas né à cette époque… Je suis très mauvais en histoire. J’en ai entendu parler mais je n’ai pas creusé le sujet. Je pense qu’à Marseille il y a des gens qui sont très attachés à ça. Moi je suis sur d’autres sphères. Malheureusement j’ai une mémoire très sélective et il y a des choses qui m’échappent. Je sais qu’au Frioul il y a un hôpital où il y avait eu une épidémie mais peut-être beaucoup plus tard, on y mettait des gens en quarantaine, sur cette île tu sais au large de Marseille. Je ne sais plus quelle épidémie alors je ne voudrais pas te dire de conneries… (c’était bien lors de la peste de 1720, NDLR). Mais il y a eu quelque chose d’assez costaud.
J’étais gamin, c’étaient les infos, la mafia, les Zampa tout ça. C’est l’époque où on disait que Marseille c’était une sale ville. La French connection résonne énormément. Les anciens te racontent des trucs sur le centre-ville de Marseille, les petites rues. Ça n’a rien à voir avec ce que c’est aujourd’hui, il pouvait se passer tout et n’importe quoi et il y avait ces familles qui régnaient sur la ville. Il y a des nostalgiques qui te diront qu’à l’époque il y avait des codes, il y avait l’honneur, il y avait ceci ou cela mais il y avait surtout beaucoup de trafics, beaucoup de morts. Chacun a sa vision. Quand tu parles du Juge Michel je pense à cette époque, les années 1980, il y avait plein de légendes, les boites des mafieux, on mélangeait un peu tout, on disait qu’Alain Delon trainait avec les mafieux, qu’il avait des parts dans telle boite. Le Juge Michel c’est ce Marseille, la French Connection, je pense à ça, le vieux Marseille avec les vieux voyous. Je pense à ça et toute la violence que ça implique, une façon de faire et de vivre qui n’existe plus aujourd’hui.
Autant tu me poses la question dans deux jours je te dirai autre chose mais là ce qui me vient, je dirais Snoop Dogg. Le mec a traversé les époques et aujourd’hui il est toujours aussi cool, lui-même, et les gens l’aiment pour ça. Le gars est lui, il ne triche pas. Il continue de faire ce qu’il aime, on l’a vu en France pour les J.O, il se retrouve au Superbowl avec Dr. Dre, il va faire des vidéos où tu le vois dans la rue, tranquille avec sa femme ou en père de famille. C’est un vrai mec, nature avec ce charisme nonchalant. Souvent quand on pense au charisme on pense à quelqu’un de sérieux avec une prestance, une carrure alors que Snoop est nonchalant, long, mince, il est cool, il a un putain de charisme et c’est un vrai artiste. J’ai beaucoup aimé son projet avec Dre même s’il a beaucoup été critiqué. Le mec a prouvé qu’il était encore là et qu’il aimait cette musique. Ça me va très bien.
Dj Premier. Un peu pour les mêmes raisons que Snoop d’ailleurs. Il a aussi su traverser le temps et laisser son empreinte dans cette culture. Il est toujours respecté et il continue de faire ce qu’il aime. Il n’a pas suivi les tendances. J’adore ce qu’il fait, c’est l’un de mes mentors. L’une de mes icones artistiques.
J’aime lire plusieurs types de choses. J’aime de la fantasy, des sagas ou des trucs plus philosophiques. Ceux qui me viennent à l’esprit sont des gens qui ne sont pas uniquement écrivains. Je pense à des maitres ou des philosophes qui ont écrit des livres. Aujourd’hui pour être dans notre temps, notre époque, je pourrais t’en citer deux, tu verras ils sont complètement différents. Je te dirais Tony Robbins, à la base sa vocation ce n’est pas écrivain, mais il a écrit des livres super intéressants que j’ai lu. C’est déjà difficile de mettre en application tout ce qu’il a écrit alors si lui l’a écrit je suppose qu’il a tout assimilé. Si je pouvais assimiler tout ce qu’il a écrit, ça me suffirait aujourd’hui. Sinon je dirais J.K Rollins, je serais une femme. Oui Harry Potter, Les Animaux Fantastiques. J’ai regardé à nouveau les Harry Potter il n’y a pas longtemps et j’ai regardé des vidéos de cette femme, sur sa vie. Comment elle a évolué, l’état d’esprit dans lequel elle était quand elle a écrit. C’est quelqu’un qui a énormément de talent et qui est humble. Elle sait raconter de belles histoires et à faire rêver des générations entières d’enfants et d’adultes, je trouve ça très fort. C’est très beau et touchant tout ce qu’elle a mis dans ses bouquins.
Ah… je ne savais pas ça.
Ce n’est pas vraiment une cause mais je dirais le droit d’exister dans la dignité pour tous. C’est une cause pour laquelle tu n’as pas forcément de groupes qui se mobilisent. Mais il y a des endroits où les gens ne vivent pas dans la dignité. Certains touchés par les guerres, la famine, des catastrophes où tout simplement chez nous il y a des gens dans la rue, dans la misère. Ce n’est pas quelque chose qui mobilise tout le monde, on ne défend pas ça à l’Assemblée Nationale. Je pense que c’est quelque chose de sous-jacent à beaucoup de causes. Tu parlais des personnes transgenres, chacun devrait pouvoir vivre dans la dignité et être reconnus pour ce qu’ils sont, à savoir des êtres humains. Chacun a le droit d’exister au même titre que les autres. Egalité pour tous oui mais égalité dans les conditions de vie, pas uniquement dans la théorie des droits. Les conditions de vie c’est sur le terrain, c’est du concret. Je dirais le droit à la dignité pour tous dans nos existences.
Merci à toi.
Propos recueillis par Aneeway Jones à Grenoble, le 28 août 2025.
Droits photos: Faf Larage.