Je crois que je pourrais dire que je suis grenobloise maintenant. Je viens d’avoir 45 ans, j’ai mal partout (rires). Je suis de Grenoble, j’ai beaucoup vadrouillé et je me suis réinstallée ici. Je suis une jeune femme qui a plein de projets en tête et certains que j’ai réussis à réaliser ici. On peut dire aussi que j’ai eu plusieurs vies
Alors, vu que tu es dans le lieu duquel on va parler aujourd’hui, on peut parler d’un passage, d’une transition. C’était nécessaire à une époque, la transition de la régie au yoga. C’est assez étonnant mais c’est assez complémentaire. Et on ne va pas se mentir, la régie aide beaucoup à gérer un lieu. C’était de la régie en musique, en théâtre, en opéra et par la suite j’ai fait des formations pour être prof de yoga pour finir par ouvrir mon lieu.
Il y a eu un départ à Barcelone, pas des plus heureux d’ailleurs mais nécessaire, en plein Covid et des évènements personnels qui m’ont décidés. L’envie aussi de retrouver l’Espagne pour laquelle j’ai beaucoup d’affection. Sur place, c’était la découverte de différents lieux hybrides que j’ai beaucoup appréciés. Ce départ à Barcelone a été assez marquant pour la création de Yolo, d’une part car c’est une ville qui bouge et qui propose plein de choses, donc c’était l’idée de mon lieu, de proposer plein de choses, de croiser les activités. Aussi Barcelone est une ville qui ne peut plus s’agrandir car elle est coincée entre deux fleuves, une montagne et la mer donc il faut trouver des solutions pour des espaces. Quand je suis rentrée à Grenoble je me suis dit que ça pourrait être cool de monter quelque chose dans cet esprit-là.
Alors c’est Yolo. Yolo s’est imposé à moi. A la base c’est le fameux You Only Live Once, l’expression « on n’a qu’une vie”. Ce lieu a été un tournant dans ma vie, de prendre un tournant, de prendre des décisions et de m’installer vraiment à Grenoble. Et Yolo veut surtout dire le Yoga Loft et l’idée était de trouver un lieu atypique qui ressemblait à un loft c’est d’ailleurs comme ça que j’ai commencé mes recherches et ensuite y pratiquer plein de choses, dont le yoga car je suis prof mais il s’y passe aussi d’autres choses. C’est une maison dans une cour, il y a en bas une cuisine, une salle de bain, un vestiaire et une salle de massage. En haut il y a une salle de pratique. C’est un grand espace, la maison fait 120 mètres carré. On fait du yoga, du Pilate. Il y a des stages de danse et de théâtre, on a aussi créé des moments comme des marchés de créateurs, des marchés de Noël. Des évènements aussi autour de la femme, comme des conférences, aussi autour de l’habillement. J’ai aussi contacté une copine qui est philosophe et on aimerait organiser des ateliers pour enfants, de philosophie. On a aussi des ateliers de yoga pour les enfants. Je ne pensais pas ouvrir les activités aux enfants, n’en ayant pas, mais c’est chouette d’ouvrir ces pratiques…
Il y a aussi Meryl qui fait de la sophrologie, il y a une naturopathe qui fait des ateliers. On crée des échanges, du lien et du réseau après chaque atelier. Comme des yoga brunch, on pratique le yoga à l’étage et ensuite on mange tous ensemble. Et bien sûr il y a une salle de massage en bas qui est bien utilisée par mon acolyte Cécilia. Cécilia Ravennes.
Parce que je pense que du fait d’en avoir plusieurs, il faut savoir les vivre vraiment. Le fait d’avoir plusieurs vies n’empêche pas d’en avoir qu’une seule en fait, il faut savoir vivre sa vie à fond, je pense. Au contraire, il faut pouvoir se donner à fond dans n’importe quelle activité. Ça fait sens pour moi.
C’est vrai mais tu sais je pense qu’il faut pouvoir enseigner comme on est. Et c’est vrai que je n’enseigne pas le yoga de manière traditionnelle ni conventionnelle. J’enseigne comme je suis, je dis « merde, « fais chier ». Il y a des postures que je qualifie de chiantes. Après on ne va pas se mentir des tattouages, tout le monde en a.
Oui, notamment en Inde, je suis allée à la source. C’était lors d’une vie précédente, quand j’étais régisseuse et j’avais du temps à consacrer aux voyages. J’en profitais pour partir et me former au yoga. Mais le yoga, j’y suis venue d’une manière assez étrange, j’étais en Thailande, je pratiquais la boxe, je me suis blessée et je ne pouvais plus rien faire mais étant sur place pour deux mois et hors de question de rentrer, je me suis alors initiée à cette pratique et c’était LA grosse découverte. Ensuite en premier lieu c’était lire, en plus j’ai une formation littéraire, je me suis plongée dans les livres. Le yoga à la base c’est les textes, entrer dans la pratique par les textes. Ça m’a ouvert des portes de compréhension sur des traditions. Ça m’a apporté une meilleure compréhension de moi-même et du monde. On appréhende le monde avec plus de recul, de douceur, de sagesse, de lâcher prise.
J’ai adopté un chien. Donc je suis en train lire un livre qui s’appelle son odeur après la pluie. C’est très spinoziste. C’est très joyeux et hyper bien écrit. Il est formidable. Sinon ma mère m’a abonnée à Philosophie Magasine. Et j’adore Nancy Huston et Spinoza.
Alors ça c’est un vrai sujet. C’est un sujet politique. Le bien être devient politique, à quel moment est-il récupéré ? Ce sont de vraies questions. C’est comme le mot bienveillance ou résilience. Le yoga est un outil. Ce n’est pas une obligation. C’est devenu une mode, mais ce n’est pas une injonction de pratiquer. Il n’est pas question non plus de pratiquer tous les jours pour être légitime, c’est faux. Il faut pouvoir naviguer à sa sauce. Et il faut savoir danser sous la pluie.
Propos recueillis par Sullivan Lépine, à Grenoble au primtemps 2024
Crédit photos: Vanessa Haubrich
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